La séparation du chanteur et de sa compagnie de disques historique a été le point d'orgue
d'une année de bouleversements.A l'origine de ces changements, son beau-père, homme d'affaires controversé,
affirme que " l'époque où tout le monde profitait de Johnny est révolue "
A l'origine de la métamorphose, un homme, André Boudou.A 53 ans, ce businessman que ses détracteurs qualifient
systématiquement de " sulfureux "- il gère deux discothèques - est le beau-père de la star.
L'affaire Johnny débute par une simple lettre, datée du 8 juillet 2003, adressée à Pascal Nègre, le PDG d'Universal Music France :
" J'entends maintenant m'impliquer personnellement dans toutes les discussions concernant ma situation contractuelle et commerciale
avec Universal, afin de tenter d'assainir les erreurs et les irrégularités qui entachent lourdement le passé...". La missive est signée
Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday, le rocker aux 100 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Cette lettre, au ton délibérément offensif, marque le début des grandes manoeuvres dans le clan Hallyday. 2003, c'est l'année de tous
les dangers pour la star : Mis en cause dans une affaire de viol, associé au lancement de l'Amnesia, une discothèque parisienne dont
le montage financier suscite des interrogations, le chanteur fait table rase du passé. Il se sépare de son avocat " historique ", Me
Daniel Vaconsin, met fin à la pension de 3000 euros qu'il versait chaque mois à sa cousine Desta Hallyday - coupable d'avoir sali son image
dans la presse, et pour finir, dénonce le nouveau contrat qui le liait depuis décembre 2002 à Universal, sa maison de disques de toujours .
Un seul mot d'ordre pour Johnny : se débarrasser de ceux qu'il soupçonne désormais ouvertement de s'être enrichis à ses dépens.
En mars 1995, Johnny Hallyday a rencontré Laeticia Boudou à l'Amnesia de Miami, gérée par le père de la jeune femme. Au fil des ans, les deux hommes
ont appris à s'apprécier. M.Boudou, alerté par certaines dépenses réalisés par des proches du chanteur, lui propose d'examiner ses comptes.
Il affirme ainsi avoir découvert que l'un des conseillers de M.Hallyday a coûté à la star 8 millions de francs en douze ans, dont 1,4 millions
de notes de taxis sur les trois dernières années....Le conseiller est rapidement remercié.
C'est ainsi qu'André Boudou dit avoir gagné la confiance du chanteur." Johnny a compris que, contrairement à ce que disent certains, je ne suis pas
intéressé, assure M.Boudou.D'ailleurs, je pense même que j'ai plus d'argent que lui! Tout ce que je fais ne me rapporte pas un sou et
me prend plutôt du temps. Alors, si j'ai décidé de remettre de l'ordre dans ses affaires, c'est parce que c'est le mari de ma fille,
et accessoirement un type adorable que je ne supportais plus de voir se faire plumer. Il sait chanter, mais pas compter. "
Décembre 2002 : Johnny confie à son beau-père qu'il vient d'acheter pour 1,1 millions d'euros deux appartements sur l'île de Saint-Martin,
aux Antilles. André Boudou, qui a vécu là-bas, flaire l'escroquerie. Il fait réaliser une expertise par un ancien consul de France. Les deux
appartements de 90 mètres carrés chacun, de qualité moyenne, sont estimés, au total, à... 239000 euros.André Boudou convainc l'artiste d'attaquer
le promoteur et de congédier le fiscaliste qui a monté le projet, un proche de M° Daniel Vaconsin , avocat de Johnny depuis près de vingt ans.
M° Vaconsin devait alors s'effacer au profit de M° Gilles-Jean Portejoie, choisi pour ses compétences mais aussi pour son engagement à gauche :
le chanteur, proche de Jacques Chirac, souhaite s'affranchir de son image de " chanteur de droite ". Ces différents épisodes vont aboutir à la rupture
finale : le clash avec Universal France.
Dans sa lettre du 8 juillet 2003, adressée à Pascal Nègre, Johnny Hallyday dénonce pêle-mêle " les pratiques irrégulières ", " les initiatives ruineuses ",
" les attitudes fautives et répréhensibles " de la maison de disques, qui l'aurait placé en " situation de dépendence économique ". " Si
tu le souhaites, je laisserai le soin à mes avocats de s'entretenir avec toi plus en détail de la gravité des faits ", menace le chanteur.
" Si Universal Music ne prenait pas l'exacte mesure des fautes commises dans le passé et de ses devoirs et obligations à mon égard pour l'avenir,
je serais obligé, avec la même force qui m'a animé jusqu'à ce jour dans ma carrière, d'envisager toutes les actions judiciaires qui me sont
ouvertes, au mépris du scandale. Je ne crains pas les coups et le pire ne m'a jamais effrayé, j'en suis toujours revenu ", avertit Johnny,
qui conduit en demandant la renégociation du contrat signé le 9 décembre avec Universal.
" Johnny s'est fait avoir dans les grandes largeurs, affirme A.Boudou. Ainsi, il ne touche que 7% des ventes d'albums du back catalogue -
les disques de plus de deux ans - qui représentent 80% de son chiffres d'affaires! De plus, Universal a obtenu le droit de commercialiser
son nom, son image, le marketing..."" Au total, selon cet accord, Johnny toucherait désormait seulement 12% du chiffre d'affaires fait sur son
nom, s'emporte M.Boudou.L'époque où tout le monde profitait de Johnny esr révolue..."
Du côté d'Universal, où l'on espère encore pouvoir trouver un accord avec Johnny, on se refuse à tout commentaire officiel afin de ne pas
envenimer la situation." J'espère qu'il y aura une issue qui fera le bonheur de Johnny Hallyday et d'Universal Music ", lâche simplement
M.Nègre.Sous couvert d'anonymat, les dirigeants de la major sont plus loquaces.Ils dénoncent " l'OPA lancée sur Johnny Hallyday par un homme
d'affaires qui ne connaît rien à l'industrie du disque ".Selon ces sources, Johnny Hallyday aurait succombé à " la mauvaise influence "
d'André Boudou en l'incitant à rompre un contrat " formidablement avantageux " pour le chanteur.